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Une sentinelle à la brèche.

Quels migrants sommes-nous?

29 Septembre 2015 , Rédigé par Christian BENINGER Publié dans #Religion et société

Lettre ouverte aux chrétiens.

Bonjour,

les reportages sur les souffrances des migrants et des réfugiés tout au long du périple qui les mène des pays où ils sont nés et où leur vie est en danger, vers ceux où ils pourraient vivre en sécurité avec leurs enfants et un espoir de liberté, sont poignants. Les uns veulent mettre leur famille en sécurité, les autres vivre en liberté, les deux se confondent en un même objectif : aller vers des jours meilleurs, et pourquoi pas, de nouvelles fraternités. La plupart sont jeunes et en bonne santé, ce sont des survivants d'un monde de contraintes brutales, d'agressions, de violences aveugles. Il est remarquable de constater que, ni les uns ni les autres ne s'entraident en dehors de leurs concitoyens : les syriens n'aident pas les afghans et vice versa, libyens, irakiens et autres nationalités etc. Ceux qui voyagent seuls rechercheront toujours quelque migrant ayant les mêmes origines, l'homme restant un animal social : on se regroupe à deux ou trois pour faire route ensemble. En fait, chaque communauté forme un groupe autonome dans ce parcours rempli d'embûches de toutes sortes, par les chemins boueux, les nuits froides, la pluie et bientôt la neige. Sont-ce tous des pauvres gens éloignés de leur terre natale par la misère? Non. C'est tout un monde reconstitué, marchant ensemble dans la proximité et le promiscuité sans tenir compte des barrières sociales dont ils pouvaient se prévaloir dans leurs pays : architectes, ingénieurs, médecins, paysans, personnels administratifs ou hospitaliers, chômeurs. Tous tendus vers un seul but : la liberté et la sécurité. Il faut dire qu'après ce qu'ils ont vécu dans leurs pays respectifs ne sachant pas s'ils reviendraient vivants de la moindre des courses, les difficultés du moment sont effacées par cet espoir. Après avoir traversé des déserts et des montagnes, parcouru des centaines de kilomètres à pied, été dépouillés par leurs passeurs, ce sont les refus d'accueil des populations nanties qui laisseront les blessures les plus profondes car, ils seront parvenus au bout de leurs rêves. La désillusion de l'esprit, dans la plupart des situations, est terrible.

Il en est de même dans un autre univers : d'immenses cohortes s'avancent sur des chemins escarpés ou sur de larges avenues, selon le choix qu'ils ont fait au passage : porte étroite ou porte large. Ceux de la porte large avancent dans la sérénité d'une route bien bitumée, en véhicules confortables, emportant glacières et provisions pour se sustenter durant la route : ils sont contents, ils boivent et mangent et se racontent des histoires. Pour tuer le temps avant que le temps ne les tue, avec un seul but, que ce soit le plus agréablement possible. Ils sont sur un chemin qui ne mène nulle part, ils n'ont pas le temps d'y penser. Ils trouveront toujours, pensent-ils, un moyen de négocier, pas comme ces gens qui marchent sans rien. Quelle erreur!

Les autres, ceux de la porte étroite, n'ont pour avancer qu'un chemin rocailleux, bordé de précipices où ils subissent les aléas du climat et les attaques pleines de séduction leur montrant les avantages de ces pèlerins nantis qui ont tout prévu pour leur bonheur durant la traversée. Ils n'ont aucun bagage, aucun empêchement, aucune entrave, ils sont déjà libres car leur soutien c'est la foi en l'éternité aux côtés de leur Seigneur. Comme décrit plus haut, tous avancent, tendus vers le même but : la vie et la vérité, cette vérité qui affranchit, vers la liberté promise. Ils disposent aussi de passeurs, nombreux, mais qui travaillent chacun pour leur dénomination. Comme les migrants, chaque dénomination a ses propres règles. Aucune ne va aller vers les autres disant : puisque nous cheminons ensemble vers le même but, partageons ce qui nous a été donné - la parole de Dieu - , entraidons-nous dans la difficulté de la rocaille, de la soif et de la faim car nous courons tous vers l'eau vive qui nous est promise. Hélas !

Voici la difficulté de ces groupes qui, au lieu d'être unis, sont séparés par les organisations de l'homme et sont convaincus, tous, d'aller vers la même source de vie. Ils disent tous : Moi, je suis d'Apollos, moi je suis de Paul... "J'entends par là que chacun de vous dit : Moi je suis de Paul ! - et moi d'Apollos ! - et moi, de Céphas ! - et moi de Christ ! Christ est-il divisé? Est-ce que Paul a été crucifié pour vous ou bien est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés?"(Première épître aux corinthiens 1 : 12-13) Aucun ne veut aller vers l'autre, aucun ne va s'intéresser à l'autre sinon pour le critiquer, aucune entraide, aucun lien. Et si l'un a quelque velléité de voir comment les autres soutiennent leur foi, il est voué aux gémonies. Car à l'intérieur de chaque dénomination, chaque passeur est responsable et maître du sous-groupe qu'il convoie en dehors duquel aucune survie n'est possible. Encore une fois, comme pour les migrants décrits plus haut, pourquoi ne pas s'adresser directement au seul vrai Passeur qui connaît le vrai chemin de la vérité et de la vie et qui marche devant. Quelle image le Seigneur voit-il? Qui se sont-ils donnés pour maîtres? Les illusions de la chair sont ainsi transférées au plan spirituel ! "En effet, puisqu'il y a parmi vous de la jalousie et de la discorde, n'êtes-vous pas charnels et ne marchez-vous pas d'une manière toute humaine?...Qu'est-ce donc qu'Apollos et qu'est-ce que Paul? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l'a donné à chacun."(1 Corinthiens 3 : 3 à 5). Dans sa lettre aux habitants d'Ephèse, Paul poursuit son exhortation à l'unité après avoir demandé à tous de se supporter en toute humilité et douceur avec patience et surtout avec amour. Toutes ces organisations humaines générées par les convoitises des uns et des autres n'existaient pas et Paul en aurait même rejeté jusqu'à l'idée : "Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance, celle de votre vocation; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, parmi tous et en tous."(Ephésiens 4 : 1 à 6)

Alors? Quand nous repentirons-nous?

Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende !

Bonne journée !

NDR : Les citations sont extraites de la bible Louis Segond, dite à la Colombe.

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