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Une sentinelle à la brèche.

De l'éternité...

30 Août 2014 , Rédigé par CB Publié dans #Société

Bonjour,

L'obsession de l'éternité va bon train parmi les hommes et notamment l'homme fort dont la rapacité n'a d'égale que son souci de vivre après ses oeuvres, ou tout au moins, de revenir les visiter après sa mort puisque celle-là est inéluctable. Ce qui lui est insupportable, c'est de savoir qu'il va mourir, plus encore, bêtement, à un moment qu'il ignore, comme n'importe quel animal qui aurait suffisamment vécu pour arriver à son terme. Comment combattre cette angoisse existentielle?

Il n'en a pas les moyens tant ses limites sont fixées, limites dont il n'entrevoit pas les causes en dehors des accidents mécaniques : il n'est qu'une créature. Et même si, à l'occasion de quelque découverte scientifique ou quelque avancée technologique il lui arrive de se prendre pour un créateur, il ne l'est pas car sa vision du monde n'est que partielle. Il n'occupe en effet qu'une infime partie du décor dans lequel il a été placé et se trouve, de facto, dans l'incapacité de voir l'ensemble de la création. Ces limites qui lui sont imposées l'agacent et l'excitent en même temps : elles l'agacent parce que son orgueil est mis à mal et elles l'excitent car il veut prouver qu'il est capable de les repousser voire d'en venir à bout. Il ne pourrait, à la limite, n'être qu'un re-créateur puisque ce qui existe a existé et existera; en d'autres termes, son invention, sa découverte pré-existait déjà et dans ce cas, celui qui la re-découvrira après lui n'aura finalement été qu'un re-découvreur... Et ainsi de suite, depuis les origines de la création.

L'homme fort contemporain se déplace plus vite, va plus loin dans des conditions de plus en plus confortables, son corps est de mieux en mieux soigné voire surveillé par des spécialistes en tout genre, travaille de moins en moins. Il demeure en lui cette sensation de vide que l'éternité a mise en lui. Il pourrait se contenter de tout cela, en toute humilité, ce serait sans doute le début de la sagesse. Tous les artifices n'y font rien : on l'entend quotidiennement dans les informations qui lui arrivent pourtant en temps réel... Encore un progrès. Mais en est-ce vraiment un. En effet, il est ainsi informé de toutes les catastrophes nationales ou mondiales, de tous les bruits de guerre, de toutes les méchancetés du monde, ce qui n'est pas propre à améliorer son moral. Et pourtant il court toujours, après quoi? L'éternité? Comment, après toutes ces découvertes, après tous ces progrès n'arrive-t-il pas à l'atteindre?

Obtenir ce qu'il n'a pas, vouloir aller partout, réaliser des exploits face à la nature, manger tout ce qui excite l'oeil et les papilles, bâtir des oeuvres "immortelles" à défaut de l'être lui-même, rechercher l'immortalité et en attendant se contenter de rafistolages. Les convoitises sont nombreuses et l'homme fort les poursuit toutes, chacun en fonction de ses moyens. Toutes, elles aboutissent à une soif inextinguible de richesses et, pour les obtenir, tous les moyens sont bons : multiplier la production, améliorer les transports et offrir des voyages à prix cassés vers les paradis lointains, mettre en oeuvre pour les plus démunis les moyens de vaincre la nature dans la sécurité, inventer des produits alimentaires inutiles et de plus en plus trafiqués, bâtir des immeubles de plus en plus grands et de plus en plus hauts, développer la chirurgie esthétique pour masquer les ravages du temps sur le corps du plus grand nombre.

Avec tout ce que la nature subit pour répondre aux pressions que l'homme fort lui impose en répondant aux convoitises des consommateurs qu'il suscite, le désastre est patent : terres épuisées malgré la multiplication des engrais, forêts abattues, animaux dont la croissance est forcée avec différentes drogues, rivières polluées et, par conséquent, mers et océans. Et l'homme, pour pallier les désordres qu'il a lui-même causés, va rechercher des contre-mesures qui vont à leur tour affaiblir un peu plus la nature. Cette course effrénée à la production, cette croissance forcenée ne font que malmener la création mise à la disposition de l'homme. La couche d'ozone diminue, le temps se détraque. Et malgré tout, le bonheur n'est pas au rendez-vous, la quantité de déprimes augmente et les anti-dépresseurs vont encore aller rejoindre les rivières et les océans. Dans sa rage de richesses, l'impression que l'homme fort poursuit la destruction de ce qu'il ne peut garder domine. Avide d'éternité, il détruit paradoxalement, par sa rapacité, tous les moyens de sa survie. Le profit génère toujours une perte et, malgré tous ses moyens, l'homme demeure confronté à la mort espérant, au moins que ses oeuvres seront éternelles. Alors?

"Une génération s'en va, une autre vient et la terre subsiste toujours. Tout ce que le Créateur a fait est beau en son temps et même il a mis dans son coeur la pensée de l'éternité bien que l'homme ne puisse pas saisir l'oeuvre que Dieu a faite, du commencement jusqu'à la fin (Ecclésiaste 3:11). Et encore : ""Car le sort des humains et le sort de la bête ne sont pas différents; l'un meurt comme l'autre, ils ont tous un même souffle et la supériorité de l'homme sur la bête est nulle, car tout est vanité. (3:19) En conclusion :"L'homme n'est pas maître de son souffle pour le retenir et il n'a aucune autorité sur le jour de sa mort; il n'y a point de rémission dans ce combat et la méchanceté ne donne, à ceux qui l'exercent aucune échappatoire".(8:8)

L'homme n'est qu'une créature, limitée par définition et, à ce titre, n'a aucune possibilité d'égaler son Créateur et encore moins de le remplacer. Il ne lui reste qu'à Lui en être reconnaissant, dans l'humilité, en faisant sa part et en en jouissant avec sagesse.

Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende !

Bonne journée!

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