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Une sentinelle à la brèche.

SUSPENSION PANDÉMIQUE

19 Avril 2020 , Rédigé par Christian BENINGER Publié dans #Christianisme

Bonjour,

 Les tréteaux sont déserts, plus de guitares, plus de batteries, écrans et caméras éteints, la pandémie remet les pendules « des églises » à l’heure. Il faut dire que ces entreprises s’étaient tellement calquées sur celles du »monde » qu’on ne pouvait les distinguer qu’avec une réelle attention. La pandémie est dommageable pour ces dernières, comme pour tout métier artistique, la perte de recettes et d’emplois qu’elle entraîne sera difficile voire impossible à rattraper, malgré les soutiens.

Il n’en est pas de même pour les « églises » qui se sont lancées dans l’aventure du « showbizz». Arès le bric à brac apocalyptique, le méli-mélo numérique. En effet, qui aurait pu imaginer que leur objectif soit le même, attirer le public. Qu’ont-ils besoin du Saint-Esprit ? Les chrétiens qui les fréquentaient s’en satisfaisaient, anesthésiés par les lumières, les sons, les louanges et les écrans géants, ils entendaient les homélies sans broncher et comme l’avait confié un conducteur : « Que crois-tu, ils viennent pour moi !» Ah, quelle confidence redoutable. Clouées au pilori par les réseaux sociaux, voilà que ces «églises» se rebellent et se défendent, par l’intermédiaire de l’un de leurs porte-paroles, de n’avoir en rien participé au développement de cette pandémie. C’est certain ! Orgueil blessé, les coups font mal, l’injustice aussi ! Qu’ont-ils alors retenu de l’évangile? Même pas son essence !

Mais ces bergers ne baissent pas les bras. La machine se relance de plus belle au plan numérique : tous sont interconnectés sur de nombreux sites et plateformes . Les cultes « live » reprennent, en direct cette fois, en se regroupant parfois, les offres sont innombrables et quand quelques-uns  d’entre-eux sont rassemblés dans une réunion commune voire oecuménique, aucun n’ a peur des compliments de l’autre : « Tu es l’ambassadeur de la foi, le leader de la francophonie et toi le champion de la foi ». Ni repentance ni humilité. Un tel foisonnement est incompréhensible pour qui se donne la peine d’approfondir le flot de paroles sensé exhorter.

Que vont bien faire ces champions inoccupés, travailler? Se lancer dans une nouvelle approche de l’évangile, moins administrée, sans recommencer les mêmes errements? J’en doute. Il va leur falloir reprendre la tonte et la traite pour survivre et les brebis, affaiblies et malades, poursuivront leur errance d’assemblée en assemblée, à la recherche du bon berger, perle si rare , qui les nourrira et les soignera. La machinerie installée et célébrée, numérique et technologique, a fait oublier aux bergers  la souveraineté de Dieu et l’ancrage dans la foi, dans la simplicité. Les salles sont désertes, inutiles. Le temple a été transféré ailleurs sans qu’ils s’en aperçoivent !

Est-ce le véritable tournant, éventualité prédite par Joseph Ratzinger (1), jeune théologien, en 1969? « Nous sommes à un énorme tournant dans l’évolution de la race humaine, un moment auquel, en comparaison, le passage de l’ère médiévale à l’ère moderne semble presque insignifiant. »Dans tous les cas, ce virus vient révéler l’état de pauvreté et de dénuement spirituels de l’Eglise, celle formée des pierres vivantes rescapées, unies dans la communion fraternelle. que Christ devrait venir chercher. Que vont-ils  faire de ces salles de spectacles s’ils ne peuvent plus les remplir pour les rentabiliser? Il faudrait qu’ils s’en débarrassent et donnent l’argent recueilli aux pauvres. J. Ratzinger poursuit par une prophétie  qui semble découler de l’observation du dynamisme des évangéliques; elle a le mérite d’être encore d'actualité même avec quelque arrière pensée : « L’Eglise repartira plutôt de petits groupes et mouvements et d’une minorité qui rétablira son véritable point d’ancrage au centre : la foi dans le Dieu un et trinité, et en Jésus  Christ, le fils de Dieu qui s’est fait homme et qui nous promet la vie au delà de la mort. Ce qui reste donc, ne sera que l’Eglise du Christ. »(1)

Il est temps de revenir aux fondamentaux, aux petites assemblées qui ne sont ni de Paul ni d’Apollos, formant la véritable église locale dans la simplicité même de la communion fraternelle, hors de toute soumission pyramidale. Approprions-nous les enseignements de Paul, le seul à avoir reçu la révélation de l’Eglise. Et même si nous avons du mal à nous y plier au prétexte que nous avons évolué depuis ce temps, souvenons-nous que les Écritures sont de tous les temps et de tous les lieux. Pour repartir d’un bon pied, repentons-nous et restons doux et humbles de coeur.

Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende !

(1)Les citations sont extraites de « La prophétie de Ratzinger , la prière de BenoitXVI» par Sergio RUSSO. Introduction de Marco Tosatti.

 

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